Elle n’a rien d’autre à faire
Que de chercher activement
Dans les forêts des terrains vagues
Tout ce qui cloche et qui se cache
Un soulier vernis dans la vase
Un collier rubis dans l’extase
Qui s’accroche et se détache
Un petit chien un vilain toutou
Qui n’est rien et qui devient tout
Une déesse un épouvantail
Qui nous poursuivent haletant



BIKEUR D’ARGILE


Cil recourbé
Déguerpit
Talon aiguille

Sombre cartel
Enfouit
Zeste fossile

Crête cirée
Vrombit
Tête en bille

Chair cannelle
Franchit
Zone fragile

Cape tribale
Dépasse
Les limites

Chaîne cloutée
Fracasse
Pierre de lune

Cœur timbale
Ramasse
Météorites

Croupe lézardée
Trépasse
Apre dune

NOCES BLANCHES

Paradis de coton
Pensée endort
Perle incrustée
Résille anime

Liseron farandole
Serpente à bord
D’un lent voilier
Bulle d’écume

Ensevelit l’édredon
Douce marbrure
Contour galbé
Elégante zibeline

Mouton cabriole
Roule fourrure
Chaleur dorée
Etincelle allume

Patte escadrille
Cravate muguet
Pétrisseur acharné
Bosselle divine

Humeur passion
Saute le parapet
Réveille Galatée
Corne de brume

Délicate mordille
A l’oreille susurre
Caresse éthérée
Voile mousseline

Cœur Pygmalion
Façonne bordure
Pierre de Camée
En fougère plume

AVANT L’ORAGE

La poche silencieuse
a la beauté lugubre
des maléfices opérés
sous la tente noire.

Exhortent à la sagesse
une poussée salubre
les délices repliées
dans les fentes du soir.

S’accrochent malicieuses
au bastion des tours
les chevelures rousses
demandeuses d’asile.

Les tristes edelweiss
s’enfoncent dans le jour
mousses clair-obscur
voyageuses immobiles.

Dans la niche merveilleuse
tulle en fleur argenté
les araignées de l’oubli
incrustent des étoiles.

Flottent dans leur paresse
ondulent leurs voluptés
des nuées vert-de-gris
des bustes sous le voile.

Des accroches lumineuses
tels de petits mirages
les méduses irréelles
dans les éclairs attirent.

Emporte les ivresses
la pluie sur ton visage
fusent les arcs-en-ciel
sur la rivière des désirs.

TOMBEAU BLEU

Sarah plonge
dans la piscine
ange poulbot
quitte la terre.

Plate éponge
dans la poitrine
frange tango
lévite en mer.

Joie fugace,
violente ivresse
retrousse les flots
escamote la veille.

Boit la tasse
signal de détresse
mousse aussitôt
sa culotte vermeille.

Voilà que gonfle
un banc de sardines
étrange bolide
de lames de verre.

Brouhaha d’ondes
pas de rustine
cambrure du radeau
combat des quatre fers.

Pas de sonde,
razzia en sourdine
une fissure des eaux
happe le poisson d’air.

A la surface
trente maîtresses
éclaboussent les marmots
barbotent au soleil.

Sarah passe
cristal de jeunesse
frimousse sur le dos
morte de sommeil.

Voilà que s’affrontent
les sales mines
torture humide
des larmes-mère.

Pour Sarah P.

LA TRAVERSÉE

Une envie liquide
d’accoster enfin
marine dans mon bain
un grand soir d’exil.

Un gentil bolide
comprend ça fort bien
combine vent marin
et baignoire utile,

Ce génie du vide
envole mes seins
et mon arrière train
par-dessus les villes.

J’atterris splendide
Eole s’en souvient
la crinière en moins
me veux-tu Basile ?

Je suis Sylphide
venue des confins
espaces aériens
visiter ton île.

Je suis Atlantide
ingénue je viens
sirène et dauphin
demander asile.

GRENADE

Au bord du palais
les volets se ferment
les oliveraies planent
sous le bleu lointain.

Se dérobent les secrets
aux lèvres de braise
s’emmêlent les gitanes
aux cheveux de satin.

Des hommes phare
grattent un soleil noir
leurs mains écarlates
s’écoulent en feu de sang.

Comme les guitares
flattent l’œil du soir
les chiens s’épatent
déboulent les enfants.

Sous la fureur des talons
flâne le silence
s’écorchent les taureaux
fougueux et sereins.

Pleurent d’abandon
les caravanes immenses
s’accrochent aux rideaux
les langoureux yeux bruns.

Dans le sérail doré
une vierge allume
des bougies d’êtres chers
que soufflent les passants.

Un éventail cendré,
en clair de lune,
poursuit le mystère,
tout au bout du vent.

VAGUE PERPÉTUELLE

Viens mon amour
me faire la cour
dans le tambour
d’allégresse.

Ta langue jolie
donne le tournis
des frais matins
en goguette.

Marin d’eau douce
en bout de course
tu as la frousse
de l’ivresse.

Tangue le roulis
à l’infini
berce notre écrin
de paillettes.

Satin du jour
ton souffle est court
océan lourd
de tristesse.

Une tranche de nuit
comme un ennui
ivre et serein
fait trempette.

Sur ma frimousse
tempête de mousse
dansent et s’émoussent
tes caresses.

Exsangue je suis
mélancolie
hydre malin
qui s’entête.

HERMINE

Notre vraie rencontre
dans les catacombes
endormies
viendra sans encombre
aucune faconde
plus de bruit.

Le vol d’une colombe
feux follets des tombes
sauf-conduits
à l’abri des bombes
un furet tout sombre
s’est blotti.

De ta gorge ronde
merveille de charbon
s’est épris
par tes boucles blondes
vespérales et longues
étourdi.

Une jolie fronde
dans les brunes ombre
de l’oubli.

DEUIL

Le soleil nègre
lèche l’écuelle
de bière tiède
maigre dentelle.

Ma hyène pleine
de belles teignes
baigne sa peine
telle une reine.

Ses plaies la gênent
une gangrène
de fièvre vaine
traîne et s’éteignent
les citadelles.

Filet d’haleine
qui se déchaîne
dans les motels.

Mortel emblème
les coccinelles
perdent la tête
et leur migraine
casse la graine
avec Eugène
le chrysanthème.

La neige tête
toutes ses perles
sous le soleil
mais le couvercle
ne se soulève.

C’EST L’ATTENTE

C’est l’attente
Miroir volant
Dans la pénombre
Liane dorée.

Au bord du canal
Garçon qui pense
Cigarette gelée.

C’est l’attente
A califourchon
Feuillage vivant
Retour de l’été.

A la traverse
Saponaire rose
Emeraude des prés.

C’est l’attente
Au déversoir filant
Ruban sombre
Triste fiancé.

Ophélie pâle
Glisse en silence
Tête échevelée.

C’est l’attente
Sur le ponton
Rainette qui danse
Cœur empoigné.

A la renverse
Lèvres closes
Pour l’éternité.

MON OGRE

Sage torpeur
De tes entrailles
D’éléphant.

Plage de beurre
Filet d’écailles
Grève d’argent.

Enorme cœur
En cotte de mailles
De cent ans.

S’étonne encore
Alors que meure
Le paon-goujon.

De la vigueur
D’une truite-caille
Rose bonbon.

Monte à l’échelle
Pattes en arêtes
De nylon.

Attrape le ciel
Découvre en braille
Une jument.

Ecarte ses ailes
Et puis se taille
Ouïes au vent.

ATTRAPER LE POMPON DEUX FOIS

Ton ventre
replet
leur plait.

Les filles
n’ont pas
inventé
l’eau chaude
mais le fil
à couper
le beurre.

Passe tes dernières années
à soigner les premières

ENFANT

Qui coupe tout si brutalement ?

Une petite main
de trois pouces
aussi douce
qu’un encrier.

LA FIN

Homme lune
mi-prune mi-insecte
je te vois.

Dans la forêt vierge
ma gueule ouverte
tu te noies.

De mon œil
hélicoptère
je te laisse
fourmi verte
au désarroi.

LE CONCILIABULE DE L’ASTRONEF

Plus de soleil lascif.
Le ciel a disparu.

Les oiseaux sous les carrosseries rouges.
La confusion des enfants.

L’aurore boréale
cicatrices acidulées
culbute les lieux de création

Impuissante à sauver.

LOVE

Mon pied contre son mollet.

(Hors d’atteinte).

Les pleurs de l’endormissement
seront décorés d’une palme.

Elle ne lui a plus jamais rien demandé.

A force de toujours
commencer ses lettres
par…

… je croyais t’avoir déjà répondu.

ROUGE MONT

Derrière les rideaux
les frangines envoyaient
des signaux électriques.

Sommeil d’images.

Je connais
ce bosquet.

Palais des souffrances.

TANGO À SAINT-OUEN

Des ciseaux
beaux et luisants
rue tortueuse.

Face à face
donnant-donnant
la tête chercheuse.

Attrape
carcérale
le dos oblique.

S’émancipe
comme une île
sur une flaque.

Echappe
lacrymale
au pied de biche.

Qui agrippe
une idylle
doux zigzags.

Comme c’est trop
chaud et tentant
le ventre se creuse.

Fumasse
laisse en plan
la mystérieuse.

Au bas des reins
les Appalaches
en lame de fond.

Accoucheuse
de chichis bleus
sous les néons.

C’EST L’ATTENTE 1

L’ACCIDENT

Angelo
monte à vélo

Droit sous les érables
Inconsolable les yeux doux

Trésor inestimable
Jus de lèvres sang.

PRÊTE

Le petit enfant
ne disait qu’une chose

Aidez-moi !

La pluie jaune

Cette vaste pénombre

Où s’asseoir ?

Le filet à papillons
est épuisé. 

COMA

Dans les profondeurs
d’une orchidée
une étamine
s’envenime

N’arrivera pas
à temps

Agitation somnambule

Rouge parure
à la rencontre
d’une nuit d’été.